La grève
correspond à la manifestation en masse d'un mécontentement. Ce
mécontentement est corrélé à un arrêt du travail. Les grévistes
mettent en exergue leur rôle social en cessant leur activité. Ceci a
pour effet de bloquer le secteur de la société concerné. Ainsi la
célèbre grève des routiers qui paralysa le réseau routier partout en
France en 1996. Le but second est alors de sensibiliser la société
toute entière.
Certains
intervenants déplorent le manque d'implication de la part des
personnes non-concernées. Lors de la grève de La Poste, nous sommes
plus agacés par le retard du courrier que porté par un élan de
solidarité vers les grévistes. Nous n'épousons pas leurs causes. La
plupart d'entre nous ne s'y intéressent même pas. Force est de
constater un manque d'entraide sociale.
Il fut abordé la question de la mise en place de services minimums
lors de grèves dans le domaine public. La gêne occasionnée par les
mouvements grévistes s'amoindrirait alors. Cette question se pose
plus fortement lorsque l'entreprise détient un monopole et que la
grève paralyse tout un secteur. Mais ces services ne
laisseraient-ils pas encore plus indifférente la population? La
grève se transformerait en une quelconque manifestation. N'oublions
pas que la force de la grève se situe aussi dans sa capacité à faire
réagir les concitoyens.
La grève
correspondrait donc à un contre pouvoir. "Moraliser" le droit de
grève reviendrait à restreindre l'expression des mécontentements, à
réduire son retentissement et risquerait de bâillonner les forces
contestataires. Néanmoins, la grève semble utilisée à tort et à
travers. On a plutôt tendance à faire l'apologie de l'agitation. Et,
nous pouvons observer les dérives de ces débrayages.
Le véritable but
de la grève est le retour aux négociations. Lorsqu'un contrat n'est
pas respecté, par exemple entre la direction d'une entreprise et ses
employés, et qu'un mécontentement s'installe sans issue apparente,
la grève s'avère être l'ultime recours aux pourparlers. C'est pour
les opprimés le seul moyen de faire pression et de se faire
entendre. Les grèves sont de plus en plus fréquentes. Le moindre
sursaut en engendre une. La seule réponse à une difficulté semble
être le blocage systématique. On subordonne la protestation
turbulente au dialogue et à l'entente. On assiste alors à une
banalisation anergique de la grève qui perd de son efficacité. Par
ailleurs, faire grève "par principe" est de plus en plus courant.
Les grèves sont
généralement le fruit d'un corporatisme militant. Manœuvrées par des
syndicats, ces mouvements s'exécutent sous des bannières
politiquement colorées. En effet, comme le souligne un citoyen, tous
les syndicats sont chaperonnés par des partis politiques. Des
intérêts politiques supplantent les intérêts personnels des
grévistes alors dupés. On utilise alors le mécontentement à des fins
politiciennes.
La grève ne résout
pas les conflits. Elle a même tendance à générer dans sa fièvre la
mésentente. Par ailleurs, les grévistes sont souvent enrôlés dans
des stratégies politiciennes qui dépassent et s'arrogent leurs
aspirations. Pour contrer cette utilisation abusive de la grève,
l'idée des cahiers de doléances a été émise. N'oublions pas que
cette démarche exige préalablement d'engager la réflexion citoyenne.
Les lieux d'expression publique doivent apporter l'élan démocratique
nécessaire à l'entendement et à l'élucidation des problèmes de
société.
En Bref, la
réflexion citoyenne s'exprime :
La grève est un
mouvement collectif exprimant un mécontentement. Pour se faire
entendre, les grévistes cessent de travailler et attirent
l'attention sur eux en bloquant un secteur de la société. Il est
évident que le but est de sensibiliser la population.
Nous constatons
cependant qu'en dehors des corporations concernées, l'intérêt porté
aux grèves est faible quand il n'est pas inversé en raison des gênes
occasionnées. Nous pouvons certes dénoncer un manque de solidarité
sociale. Mais l'idée et la fonction même de la grève
n'auraient-elles pas été déviées ?
La grève doit
mener à des négociations. Ce but parait s'effacer derrière celui de
contester. De plus en plus fréquents par ailleurs, les débrayages
lassent et perdent de leur efficacité. Manœuvrés par des syndicats
politiquement teintés, les grèves exécutent souvent des mouvements
politiciens calculés que nul participant ne décèle. Nous sommes bien
loin de l'entendement général comme réunion d'aspirations
individuelles.
Il a été proposé
de rédiger des cahiers de doléances. Cette entreprise nécessite
préalablement l'établissement de la réflexion citoyenne. Des lieux
d'expression publique doivent permettre aux citoyens de construire
ensemble afin de revendiquer ce sur quoi ils se seront entendus.
Notes :
- Grève: cessation
volontaire et collective du travail, décidée par les salariés dans
un but revendicatif (augmentation de salaire, amélioration des
conditions de travail, protestation contre les licenciements, etc.)
et entraînant la suppression du salaire pendant cette période. (Le
Petit Robert)
